L'heure des voeux est un moment magique
Souvent nous amalgamons "les bonnes résolutions" avec l'idée de poser ses voeux car l'après-fête nous rappelle parfois des morales sociales dont l'injonction pourrait paradoxalement nous pousser aux extrêmes : se soûler ou se momifier ! Dans tous les cas, ne plus s'écouter vraiment.
L'on parle de s'entendre avec quelqu'un, mais qu'en est-il de soi-même ?
Face à la frustration, tout est de bon secours. L'enfer est pavé de bonnes intentions et, contrairement à Sartre, je crois que le tout premier enfer - comme notre tout premier paradis - c'est nous ! L'année 2020 nous a guidé loin dans ce face-à-face avec nos incertitudes, nos peurs, nos manques si longtemps étouffés. Or quand un poids tombe fort d'un côté de la balance, son retour en sens contraire penche tout aussi puissamment. Comme une vibration qui oscille, notre être entier est un vibrato que nous jouons autant que nous ressentons.
"Je fais voeu de..." plutôt que "je veux"
Dans ce "voeu" où le cercle du "o" embrasse tendrement celui du "e", je pose l'intention puis je relâche, comme un enfant pense à quelque chose qu'il aime avant de souffler sur le pissenlit qui s'envole. Dans "je veux", il y a quelque chose du tyran malheureux, plus impuissant que puissant face à ce grand manège collectif.
Dans cet instant précieux où tout mon être fait voeu de, je reçois ce que la musique en moi vibre. Cela m'enchante comme un Harry Potter face au champ des possibles : l'innocence associée au courage, le regard de la nativité accompagné de sa soeur, la témérité. À chaque nouveau jour, nous renaissons en oubliant la majorité de ce qui s'est déroulé pendant nos songes. Et nous le dépassons, avec la profonde confiance que nous saurons nous rappeler de ce qui est nécessaire ou que nous saurons quoi faire si nous avons oublié. Chaque instant est un accouchement du réel depuis sa plus pure virginité. Dans ce mot du "voeu", tout mon être re prépare à éclore. Ce que nous prenons pour l'inconnu n'est souvent qu'un passé impatient de raconter le futur à son image...
Les bonnes résolutions tendraient à nous faire croire que nous en aurions prises de mauvaises ou que nous n'avons pas encore décidé de bonnes choses en ce qui nous concerne ! Or, je crois profondément qu'à chaque instant de notre vie, nous faisons de notre mieux, au maximum de ce à quoi nous avons accès à cet instant précis. Les voeux, eux, nous permettent simplement d'ouvrir notre champ de vision et ainsi nous connecter à plus vaste, plus large, plus loin ou plus précis, plus affiné...
Notre seule mission ? Être au plus proche de notre vibration
Se relier à ses voeux, c'est, à mon sens, se rapprocher de sa corde sensible, de sa vibration la plus subtile et la plus vraie de soi-même. À cet endroit, plus l'écoute est sensible, plus puissant est son impact. Un musicien apprend une vie entière à se rapprocher de ce qui forme la résonance. Il colle son oreille puis laisse son coeur chanter et enfin accepte que ses tripes le devancent. Le son existe bien avant sa réalisation, dans son esprit. Il demeure encore après sa frappe, dans cet "entre-deux" perpétuel d'une note à l'autre, c'est-à-dire cet espace où nous sommes. À cet instant, là où la musique a rendu hommage au silence, le son de notre âme émerge, souvent à notre plus grande surprise. Que savions-nous de nous-même ? Que croyions-nous derrière ces personnages et ces masques ? Une toute autre musique, soudainement, retentit, bien plus extraordinaire que ce que nous n'aurions jamais pu imaginer de nous-même. Nous voilà aux portes de notre vastitude !
Croire à nos désirs et douter de nos peurs
C'est que nous n'avons pas appris à croire à nos désirs. Nous avons plus appris à croire à nos peurs ! Pourtant, si nous y croyons tant à ces peurs, c'est que notre force d'imagination est sans limite. Les maladies de stress en augmentation d'année en année sont une preuve irrefutable du pouvoir de notre esprit. Ce qui est capable en nous de poser toutes ces limitations est précisément ce qui est sans limite.
Un artiste est pareil qu'un chercheur spirituel. Cette étiquette-même voudrait se dérober à lui tant elle alourdit ce qui danse l'instant. Le seul élan véritable, le plus universel, est celui d'écouter ses aspirations, d'entendre ses cellules et de goûter son rythme. Alors, quelle joie de venir, peu à peu, associer ce rythme à la partition du monde, plus conscient de tous les mécanismes propres à son instrument et ainsi capable d'orienter par ses infinies nuances, l'interprétation de cette grande symphonie.
Quels sont vos voeux ?
En musique, l'on peut être un virtuose, un facilitateur de gammes et pourtant être ennuyant à mourir ! Qu'est-ce qui fait toute la différence ? Dans notre jargon, nous employons le mot "phraser" à pléthore. Sans phraser, c'est-à-dire sans direction d'une phrase musicale, sans clarté de soi à soi sur l'élan et l'intention de ce qui se joue, le geste risque de tomber à plat. Chaque instrumentiste d'un orchestre est autant son chef que le chef peut l'être de l'ensemble du groupe. Car, pour réaliser au mieux un passage d'autant plus délicat musicalement, pour pouvoir non seulement le réaliser comme on voudrait l'entendre une fois mais à chaque fois qu'on le rejoue, l'on en vient à connaître toute sa structure, son fonctionnement puis, surtout, vers où il tend. De mon expérience, ce n'est que rarement un problème de technique mais souvent un manque de phraser justement, de relation entre son ressenti, son élan et la phrase musicale, son expressivité, sa musicalité. Au fond, le monde n'a jamais manqué de main d'oeuvre mais de passion. Or, de la même manière, nous avons tout cela en nous mais ne laissons pas toujours certaines mélodies éclore.
En coaching, c'est souvent ce que je perçois. L'on peut réfléchir des années à une stratégie meilleure, il suffit parfois simplement d'aller écouter plus directement son coeur pour que tout s'enclenche, que le moteur soudainement se mette en branle et qu'il n'y ait plus qu'à jouer la partition !
Alors, quel est votre voeu, quels sont vos voeux en cet instant qui vous est réservé, celui où vous lisez ce texte comme compagnie à vous-même ?
S'autoriser l'inconnu
Fermez cette page web, prenez une respiration et quelques minutes pour vous-même. Écrivez ce qui vous vient ou laissez-le infuser, comme un thé qui sera bon à déguster. Savourez ce qui vous vient comme un délice en bouche, comme une tendresse au coeur. Et surtout, enlevez tous les costumes de ce qui ne vous semblerait pas tout-à-fait vous-même, comme quelque chose de trop sucré qui enlève le goût des choses, quand les tensions et les concessions finissent par gâcher l'ingrédient d'origine. Il n'y a qu'un critère qui vous dise que vous êtes sur la bonne interprétation : le corps se met en mouvement, la joie s'ouvre et les yeux sourient. Qu'ils s'agisse de Mozart, Chopin, Bach, Beethoven, Debussy, Prokovief, Rachmaninoff... vous saurez le sens de la partition en laissant vibrer votre coeur de la manière où il l'entend.
Je fais le voeu, par ces liens qui me sont chers de vous à moi, de continuer à nous inspirer chaque jour d'avantage, de nous relier à l'essentiel et de laisser l'insignifiant, de flirter avec le son de notre âme, cette vibration précieuse qui nous connaît mieux que quiconque.
La vie n'est qu'un souffle, une musique à jouer avec l'élan de notre amour.
Merci à vous de votre présence en 2020. Je me réjouis de cet horizon multiple pour 2021, à vos côtés, en live streaming, en textes, en disques ou en livres...
À très bientôt, à tout de suite !
Joyeusement,
Hélène Tysman
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