"Le vase est au vide ce que le silence est à la musique" écrivait Paul Valery. Dans le taoïsme, tout vient du vide et il n’y a de quête plus ultime que celle du vide. Comme en résonance avec ce qui m'entoure, cette pensée vient au coeur même de l'hiver, ce moment où la nature semble rassembler toutes ses forces vers l'intérieur, dans ce geste d'extrême dépouillement où seules les branches dans leur essence la plus épurée, sans artifice, en totale introspection, se laissent contempler. Toute la conscience se concentre à la racine. Cette inspiration qui se nourrit de l'intérieur, "activement passive" comme disait Arnaud Desjardins, est toujours en mouvement - dans la face la plus invisible du mouvement. Émotion de l'instant qui flirte avec la frontière de l'immobile infini.
Le vide c'est l'essence du plein, l'authenticité nécessaire pour l'élan du printemps naissant de ce souffle intérieur - la Vie. En musique, quand on commence à écouter les silences, LE silence, les notes prennent un tout autre aspect. "Ce ne sont pas les notes mais ce qu'il y a ENTRE les notes qui est important" (Mozart). Ne serait-ce pas de même dans nos vies, ces moments parfois brefs, parfois intenses, parfois longs, d'observations, de transformations, de modifications physiques - et presque alchimiques - d'un état à un autre ? Pas toujours confortable !
Nous sommes sans cesse en transformations ("les transformations silencieuses" dont parle le sinologue François Julien), donc en transe... que ce soit en se rendant à son lieu de travail, en prenant sa douche, en cuisinant, en voyageant, en créant ou plus profondément en avançant sur notre chemin de vie, nous passons d'un état à un autre sans percevoir toujours la frontière qui les sépare ou qui les unit.
Je me demande comment résonnent vos silences, ceux-là mêmes qui habitent chacun de vos passages (pas - sages). Écoutez ! Comme ils sont beaux et précieux...
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