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Hélène Tysman

Quelle est l'histoire que vous vous racontez ?

Voilà la question récurrente que je pose lorsque j'accompagne femmes et hommes, artistes comme tout public dans la réalisation de leurs défis, quels qu'ils soient.


Cette question simple, presque naïve. "Quelle est l'histoire que tu te racontes ?"

"Mais aucune !", rétorquent la plupart. "Tu vois bien que c'est la réalité, la vé-ri-té !"


J'installe alors mes lunettes d'enfant sur mon nez. Et je regarde, je scrute, comme pour la première fois. La sagesse que nous portons vient de l'enfance. Pas de nos parents, pas de nos professeurs. Notre tout premier regard...


J'observe alors et je questionne. "La vérité serait donc que tout le monde a de la chance, SAUF toi ? Que tu n'es capable de rien, pas même d'apprendre pour devenir capable ? Que, une fois obtenu ce diplôme, celui qui te regardais mal te regardera bien ?"


Peu à peu les dessins en trompe-l'oeil se révèlent. Leurs formes cèdent à l'oeil interrogateur. Les dissonances s'entendent. Et l'on voit la farce.


Je croyais que le monde était peint en gris et marron. Soudain, je perçois les notes roses du ciel, le bleuté au-dessus des arbres qui rayonnent à travers leurs branches noires, comme des traits de pinceaux japonais.


La bouche sourit. Le poumon inspire. Le coeur retrouve son calme.


Ce n'était que cela ! Au fond, je suis libre.


Pourtant je mesure la monstruosité de nos dragons, ceux que nous traversons comme dans les trains-fantômes des fêtes foraines que nous empruntons pour mieux se faire peur.


La délivrance est à la mesure de notre infinitude. Vaste. Exceptionnelle.


"Petite peur, disait Elios Kotsou, petit courage. Grande peur, grand courage. Pas de peur, pas de courage !" Le courage, c'est oeuvrer avec coeur. Et finalement qu'avons-nous d'autre à vivre que cela, notre coeur ? Ressentir chaque parcelle, l'honorer, le célébrer, lui qui pulse sans cesse la vie. En l'écoutant, il nous dit parfois qu'il se sent emprisonné ici ou là. Pas par des tsunamis extérieurs, mais juste dans nos oublis intérieurs. Il n'attend que nous pour libérer cet endroit et lui permette, chaque jour un peu plus, de s'ouvrir grand, pour prendre sa place, sans courir après ses ombres.


Une personne me demandait hier ce que je voulais dire par "spirituel". Moi, balbutiant : "ce qui se relie à l'esprit, la magie de chaque instant, en Soi..." Bizarre, car tout est spirituel pour qui le perçoit ! Ce n'est pas un label qui change quoique ce soit. Pas une marque à étiqueter pour savoir "de quoi l'on parle" ! Ce n'est rien d'autre que la connaissance de Soi. Ce qui Est. Connaissance en soi. Encore faut-il savoir quel est ce "soi" !


La connaissance, c'est savoir se servir de sa boussole, connaître son GPS, et pouvoir ainsi aller où l'on souhaite en de bonnes conditions. Nous l'avons tous, ce GPS, et étonnamment nous avons parfois cru qu'il fallait nous en méfier jusqu'à nous en greffer d'autres. Au final, l'on croit ne plus savoir. Or se croyant perdu, c'est que l'on est sur le chemin de se retrouver. Se trouver vraiment, sans artifices.


Alors comment peut-on reléguer cette quête à "plus tard, quand j'aurai du temps, pour mes cinquante ans, après ma carrière"...?! Comment peut-on croire que ce soit optionnel, divertissant, léger ? N'est-ce pas cela qui risque justement d'alourdir et entasser nos tiroirs jusqu'à les coincer au moment du burn out ou de la dépression.


Consciemment ou inconsciemment, l'artiste prend, lui, ce chemin de la connaissance. Au moins a minima. Obligé. Il s'entraîne à reconnaître les histoires puisqu'il est, lui-même, un conteur d'histoires. Rarement il sait utiliser cette magie. Pourtant il empreinte le chemin du magicien.


Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises histoires. Il y a celle en laquelle vous croyez si fermement, comme un enfant jouant à la marelle avec tant de sérieux. "Comment les adultes peuvent-ils ne pas comprendre l'importance de ces tracés au sol !" Puis, un jour, ces tracés prennent une autre valeur, ils apparaissent différemment. Ils semblent moins grands, peut-être pas si importants. L'unique question demeure alors : l'histoire que tu te racontes te fait-elle du bien ? Car ce que nous vivons n'est pas la réalité. Nous en savons si peu du réel ! La science elle-même nous dit qu'il contient 99,99% de vide. Et les plus philosophes avouent que la vérité, ce qui est permanent, demeure indicible.


Ce que nous vivons, ce sont nos histoires. Alors autant les choisir...


L'artiste, comme le thérapeute ou le coach, sait bien qu'on ne va pas se raconter qu'il fait chaud dehors lorsqu'il peut. Mais ce n'est pas cela l'objet de l'histoire. On n'a jamais fait aucune histoire avec un simple élément factuel. C'est ce que cela provoque en nous qui constitue l'histoire et commence, déjà, à créer notre réalité, celle en laquelle nous croyons. Notre coeur aux commandes... Qu'il pleuve ou qu'il vente, qu'il fasse beau ou sec, rien de cela n'est l'origine de notre paix ou de notre stress intérieur. C'est ce que nous avons associé à l'un ou à l'autre qui crée la qualité de ce que nous vivons. Et c'est cela que nous inventons continuellement, la plupart du temps inconsciemment.


Peu à peu, observant mes croyances, j'ai créé ma réalité. Comme un rêve d'où l'on devient conscient. Tout en continuant de rêver, les couleurs se décident, se dessinent, les rythmes s'enclenchent, à la seconde même (ou juste avant ?) que mon coeur ait guidé. J'ai simplement reconnu mon GPS. Je le laisse me guider.


En ce mois d'histoires et de légendes de Noël, celles qui nous parlent si bien de miracles, de joies intérieures autant que de bougies allumées, de pétillements et de guirlandes suspendues, je me demande quelle est l'histoire que vous vous racontez. Êtes-vous en adéquation ? En aimez-vous chaque détail ? Et sinon, que changeriez-vous ? Vous voilà peintre, écrivain, musicien face à sa partition, le crayon dans les mains... À vous de jouer !


Vous êtes le héros de votre légende.


Vous souhaitant de merveilleuses fêtes de fin d'année !


Hélène Tysman



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