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Hélène Tysman

VOUS ÊTES LE CRÉATEUR


J'aime commencer ma journée comme on commence à composer une oeuvre : tout y est possible. Tout est permis. Qu'ai-je envie de me faire vivre, de me faire ressentir ? Quelle est la vie que je veux ? Celle que je voeux ?


Lorsque je me promène dans la rue, je sais d'emblée, en observant certains passants, si leurs pensées sont dans une mécanique de charge ("je ne fais pas ce que je veux") ou de liberté ("je vais où je veux, quand je veux, comme je veux"). Subtil et pourtant si puissant... Car de l'une ou l'autre, il n'est toujours question que d'une interprétation. Un angle de vue. Une croyance.


Les espagnols ont un seul et même mot pour dire "croire" et créer". Ils disent : "Yo creo lo creo." Je crée ce que je crois. Ainsi je ne vois du monde (donc de moi) que ce que je crois (de moi). On pourra brandir des analyses scientifiques, des schémas explicatifs, des calculs démonstratifs... Au final, ils seront toujours au service de l'histoire que l'on vit, intérieurement. Ils auront été, le plus souvent, trouvés par notre algorithme naturel.


Est-ce pour cela que les sages ne voient aucune différence entre l'intérieur et l'extérieur, entre soi et l'Autre ?



S'EN FAIRE UN FILM...



Au cinéma, un même acteur et une même histoire peuvent révéler une émotion complètement différente selon l'oeil du caméraman ou la vision du réalisateur.


J'ai souvent cette sensation que l'on se dirige toujours vers son origine, que l'on s'élance vers ce qui toujours fut et toujours sera. Je parle de cette caméra. De ce qui perçoit.


Étonnamment la vision n'est pas à l'endroit des yeux réellement. Dans le cerveau, elle se trouve dans la région occipitale, c'est-à-dire à l'arrière. Ce regard qui précère, en quelque sorte, est celui "qui voit". Devant, deux fenêtres ouvertes sur le monde.


Ce qui est perçu n'est qu'un détail. Le plus drôle de l'existence, vraiment, se trouve à l'endroit qui perçoit. Le réalisateur ! Cette présence. Celle qui dirige la caméra ici ou là, et décide de se faire voir ceci ou cela. De créer son propre film... Nous sommes cela.


On dit souvent que l'on se trouve beau dans les yeux d'une personne que l'on aime. À ces instants, on réalise que la vue crée la beauté - et non l'objet en lui-même.



QUELLE EST VOTRE VISION ?



Au terme si répandu de "mission de vie", je lui préfère "vision de vie". Car ce que je vois du monde est ce que je suis. Et peut-être qu'il n'est rien d'autre que devenir conscient de ce que l'on voit. Ouvrir, comme en induction hypnotique, son champ de vision, jusqu'à l'infini...


Puis choisir ! Changer. S'amuser.


Pour connaître quelqu'un vraiment, ne lui demandez pas ce qu'il fait dans la vie. Demandez-lui ce qu'il voit... vous en saurez tellement plus !



LE PARADOXE : NOS CONTRADICTIONS QUI S'EMBRASSENT



Les deux années que nous venons de traverser n'ont pu nous transmettre qu'une seule vérité. Elle est celle qui nous démontre que tout existe. Toute vérité existe. Il y a tout. Le blanc et le noir. Le vide et le plein. La droite et la gauche. Et pour chacun voyant l'un ou l'autre, ce monde est celui du "vrai". Incontestablement ! Bien sûr, tout cela est le plus souvent inconscient. Mais je crois que, plus nous nous connectons à l'art, plus nous interrogeons notre part créatrice et plus nous réalisons que nous tenons la caméra entre nos mains et le script toujours en écriture.


Du script il n'est pas question de vouloir décider de chaque objet du monde. Mais de la manière de le percevoir.



LA PUISSANCE CRÉATRICE : L'ART D'ÊTRE SENSIBILE



Les artistes que j'ai le privilège d'accompagner sur leur déploiement, m'avouent souvent leur peur d'être sensibles, comme si ressentir tout si finement, si puissamment, du monde, était en réalité un aveu de faiblesse ! Pourtant l'un et l'autre n'ont aucun rapport. Mieux : ils sont même opposés. Il faut être si sensible pour être puissant. Si connecté aux plus fines vibrations pour être maître de sa destinée. En vérité, ce que l'on prend pour de la "faiblesse" lorsque l'on se sent si sensible, c'est ne pas savoir quoi en faire ou comment diriger cette puissance intérieure.


Une anecdote : pas plus loin qu'hier, prenant le métro comme j'ai l'habitude de le faire, c'est-à-dire libre de certaines lois actuelles, j'observe cette fois-ci ma main, en un quart de seconde, aller piocher mon vieux masque et me le porter sans que j'ai le temps d'en saisir la logique. Non, il n'est pas dans mes habitudes de le porter... Mon mental un peu en berne, s'amuse, comme hypnotisé, par ce ressenti très fort. Je décide de l'écouter. L'instant d'après et pendant tout mon trajet, je n'aurai jamais vu autant de surveillants, contrôleurs et autres policiers armés, aller et venir dans les wagons du train que je prenais.


Le jour précédent encore, disant au-revoir à une amie après une soirée riche en émotions, mon corps tourne autour, nonchalant, n'arrivant pas vraiment à conclure cet "au-revoir". Je ne m'explique pas cette sensation d'indécision. En rentrant chez moi finalement je réalise : j'avais laissé mes clefs à cette amie, dans sa poche, oubliant qu'elle devait me les rendre lors de cette soirée, chose qu'elle avait, elle aussi, oublié. Mon corps, lui, savait.


Certains ont un moteur plus émotionnel, d'autres plus spirituels ou certains, comme moi, plus viscéral (physique). Lorsque nous sommes au diapason de notre instrument, c'est-à-dire notre être, nous sommes d'une puissance qui échappe souvent au mental. L'erreur est de croire qu'à cet instant on est fragile ! Alors qu'on est, au contraire, en connexion subtile avec la plus puissante des intelligences : la Vie. Elle est cette connaissance qui s'ouvre, sans limite, qui sait et n'a besoin, de nous, qu'une autorisation.



ENTRE AUTORITÉ ET AUTORISÉ, IL N'Y A QU'UN PAS !



Jusqu'à notre propre autorité - pas celle que nous avons tant remis à l'extérieur, dans les costumles de ceux qui nous paraissaient incarner cette autorité - mais celle qui, en nous, à chaque instant, exerce sa plus haute autorité, notre moteur, il n'est question que de s'y autoriser. Simple. Puissant.


Chacun à sa manière, parmi les grands créateurs, a posé son autorisation. Lorsque Nietzsche déclare que "Dieu est mort", il s'autorise et autorise le monde à transgresser des conditionnements mentaux, de dégraisser les méninges figées sur la croyance d'une autorité supérieure à soi, d'un décisionnaire extérieur ayant tout pouvoir sur notre propre vie. Thelenious Monk s'est autorisé, lui, à jouer de ses quatre doigts tous raides sa propre gamme, dans une posture qui n'appartenait qu'à lui. Le pianiste Paul Wittengstein s'est autorisé à venir sur scène, un bras en moins, pour faire des concerts à partir de sa seule main gauche. Mandela s'est autorisé, quant à lui, à aimer et être heureux là où le monde entier l'attendait dans sa déchéance...


L'art nous rappelle que nous sommes créateurs.


Et je crois que s'autoriser, c'est toujours, à un endroit, refuser. Refuser que quelqu'un ou quoique ce soit d'autre nous gouverne et nous empêche d'être ce que nous sommes. D'ailleurs cet "autre" n'est jamais réellement notre voisin. Ce sont plutôt nos pensées, nos références psychiques, nos conditionnements, notre passé...


Puis, lorsque nous nous sentons malheureux, nous savons que nous nous sentons, en réalité, coupés de notre puissance. Celle de créer ce que nous sommes.


Notre nature est celle du créateur. À chaque seconde, à chaque endroit.


En moi une certitude : le synonyme de "créer", c'est "aimer".


Je vous souhaite un automne empli de votre art, de votre être,

Un mois dans la création de qui vous êtes.


Infiniment,


Hélène Tysman




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